
Mise en patrimoine de la kasbah d’Agadir Oufella
Classée parmi les sites patrimoniaux les plus importants du Maroc, et située sur les hauteurs d’Agadir, la Kasbah d’Agadir Oufella offre un point de vue imprenable sur la ville et son littoral ainsi que sur son histoire. Les ruines de cette ancienne citadelle, autrefois centre économique et culturel, ont fait l’objet d’importants travaux de restauration et de mise en valeur, et ce dans le cadre du Programme de Développement Urbain d’Agadir (PDU 2020-2024).
Une équipe pluridisciplinaire, réunissant une architecte, d’archéologues marocains et espagnols, d’ingénieurs, de paysagistes et d’autres experts, a été mobilisée pour mener à bien ce projet de grande envergure. Par ailleurs, les éléments emblématiques du site, notamment les remparts et l’entrée principale, ont été restaurés avec le plus grand soin, afin de préserver leur authenticité.
Également, un comité technique regroupant de nombreux partenaires institutionnels, tels que la Wilaya, la Région Souss-Massa, la commune d’Agadir, la Direction de la culture, l’Agence Urbaine, la société civile a assuré le suivi du projet de restauration de la Kasbah. La SDRT Souss-Massa a été désignée comme maître d’ouvrage délégué de ce projet majeur, qui a bénéficié d’un financement de 120 millions de dirhams provenant de différents partenaires institutionnels.

Les étapes du projet :
Les fouilles archéologiques

La réhabilitation du site d’Agadir Oufella s’est appuyée sur une approche rigoureuse, mêlant architecture et archéologie. Après plusieurs années d’études, fondées sur l’analyse de photographies anciennes et de relevés précis, des propositions de restauration ont été élaborées. Ces hypothèses ont ensuite été confrontées aux données archéologiques obtenues grâce à des fouilles stratigraphiques approfondies, qui se sont déroulées à l’intérieur, à l’extérieur et dans les proches environs de la Kasbah. Ces dernières ont permis de reconstituer l’histoire constructive de la forteresse sur plusieurs siècles, assurant ainsi une restauration fidèle et respectueuse du patrimoine. Les découvertes archéologiques ont non seulement validé certaines hypothèses initiales, mais ont également guidé les choix architecturaux, garantissant ainsi une intervention cohérente avec l’authenticité du site.
Les remparts

Dans le cadre du projet de la mise en patrimoine de la Kasbah d’Agadir Oufella, il a été décidé de restituer la silhouette emblématique de la Kasbah en reconstruisant les remparts à l’identique de leur état en 1960, avec une attention particulière portée aux façades orientées vers la ville et la mer, jugées les plus complexes. Les murs Est et Sud, ayant partiellement résisté au séisme, ont fait l’objet de diverses interventions au fil du temps, dont plusieurs restaurations. Par ailleurs, après une étude archéologique minutieuse, les travaux ont débuté, précédés d’un décapage complet et d’un relevé précis des structures existantes, afin d’établir un état zéro servant de base à la restitution du site. Les archives photographiques ont permis à leur tour d’identifier les murs ayant résisté au séisme, révélant une qualité de construction qui a assuré leur durabilité face aux intempéries et au temps.
La restauration du mur Est

Afin d’assurer une restauration fidèle du mur Est, une étude approfondie des matériaux d’origine, des caractéristiques architecturales et des données historiques a été menée. Des fouilles archéologiques préalables ont permis de retracer l’évolution du rempart, de la roche-mère jusqu’aux strates les plus récentes, révélant ainsi des informations précieuses sur les techniques de construction et les modes de vie anciens. De ce fait, pour marquer visuellement la distinction entre les parties anciennes, qui ont résisté au tremblement de terre, et les éléments reconstruits lors du projet de mise en patrimoine (2020-2024), un traitement différencié sous forme de trait a été mis en œuvre sur la façade, soulignant ainsi les différences entre les structures originales et les parties restaurées.
La réhabilitation du mur Sud

Vers la fin des années 1990, le mur sud a fait l’objet d’une reconstruction complète, mêlant pisé d’origine, béton armé et pierres de parement. Bien que cette intervention ait été nécessaire, elle a altéré une partie de l’authenticité du monument. Lors de la réhabilitation plus récente (2020-2024), une approche respectueuse du patrimoine a été adoptée, reposant sur une section archéologique bien conservée pour restituer intégralement le mur dans sa configuration d’origine, tout en consolidant les parties affaiblies. Après le retrait des matériaux exogènes, notamment le béton, le mur a été reconstruit à l’identique en pisé, renforcé par la pierre.
La Vigie Sud Est

Lors du tremblement de terre de 1960, les fondations de la vigie sud, construite de pisé bastionnée et robuste ont survécu intactes et sont encore visibles aujourd’hui. En 1998, lors de sa reconstruction, l’ancien bastion épargné par le séisme a été encastré dans un sarcophage de béton et de pierre, découvert lors du démontage en 2021. Lors de la restauration qui a suivi, tous les anciens enduits ont été préservés et valorisés pour refléter les marques laissées par l’histoire tumultueuse de cette vigie.
La restauration du mur Ouest

La restauration du mur Ouest
Les travaux de restauration ont également porté sur le rempart Ouest et la vigie sud-occidentale. Après une analyse approfondie et un décapage complet, ces éléments ont été restitués à l’identique, dans leur état d’origine avant le séisme de 1960. Les matériaux d’origine, notamment la pierre, le mortier de chaux et l’enduit de chaux, ont été privilégiés pour garantir une restauration fidèle. Seule la partie Nord du rempart Ouest, où sont implantées des antennes de télécommunications, reste à restaurer.
La porte principale

La restauration de la porte a été menée dans le souci de préserver l’authenticité du site tout en assurant la sécurité des visiteurs. Un travail de recherche approfondi a été mené, combinant l’étude de documents d’archives, de photographies et de plans, avec des observations in situ et des investigations archéologiques. Ces éléments ont permis de définir avec précision les caractéristiques architecturales d’origine de la porte et de choisir les matériaux les mieux adaptés à sa restauration.
Le platelage

Afin de permettre une visite sécurisée et immersive au cœur de l’ancienne cité d’Agadir Oufella, un réseau de passerelles en bois, couvrant plus de 4 300 m², a été aménagé. Réalisé en IPE et pin sylvestre de classe 4, ce platelage surélevé, équipé de garde-corps, reprend fidèlement le tracé des rues et places d’avant le séisme de 1960, en s’inspirant des archives historiques. Cette démarche, conciliant valorisation patrimoniale et respect des victimes du séisme, a été validée par une fatwa du Conseil Supérieur des Oulémas (28 Moharrem 1442 / 16 septembre 2020).
Les plateformes de service de la kasbah

La plateforme de services d’Agadir Oufella, discrètement implantée en contrebas de la Kasbah, offre un accueil fonctionnel et respectueux de l’environnement. Construite avec des matériaux naturels comme la pierre et le bois, elle s’intègre parfaitement au paysage et assure la durabilité des ouvrages. Les techniques de construction traditionnelles utilisées, telles que la maçonnerie en pierre sèche et les assemblages en bois, garantissent une intégration harmonieuse et une résistance aux séismes. L’accessibilité a été particulièrement soignée, avec des aménagements adaptés aux personnes à mobilité réduite.
Le dispositif d’accueil du site d’Agadir Oufella comprend deux plateformes de services. La première, située en haut de la colline, s’étend sur près de 6 000 m² et propose une offre variée de services : restauration, billetterie et sanitaires. La seconde, située en bas de la colline, sert de point d’accueil principal.
Par ailleurs, une base arrière de 2 280 m² assure le bon fonctionnement du site, abritant notamment un poste de secours, des locaux administratifs et techniques, ainsi qu’un parking.
Mise en lumière d’Agadir Oufella

L’ouverture extra-muros de la Kasbah, a été mise en valeur par un éclairage nocturne qui sublime son architecture. L’éclairage met en valeur les volumes des fortifications, jouant avec les ombres et la lumière pour révéler la puissance de l’enceinte. Également la plateforme d’en haut et la route montant de la ville à la Kasbah ont été éclairées, offrant ainsi une lecture claire et percutante de l’édifice depuis la ville.
Aménagement extérieur paysager

Parallèlement à la réalisation des aménagements, un effort a été déployé pour intégrer la plantation d’espèces autochtones et endémiques ainsi que l’aménagement d’un sentier pédestre d’environ 2,8 Km reliant les deux plateformes du haut et du bas, avec des haltes de repos, des équipements de sport et une aire de jeux pour les enfants, et la réalisation des ouvrages de lutte contre l’érosion.
Signalétique touristique

En ce qui concerne la signalétique, des panneaux d’interprétation ont été installés à l’extérieur comme à l’intérieur de la Kasbah pour permettre aux visiteurs de découvrir son histoire. Ces panneaux, disponibles en trois langues (arabe, français et anglais), sont réalisés en collaboration avec des historiens et des experts locaux.
L’identité visuelle de la Kasbah

Une identité visuelle propre a été créée pour la Kasbah, avec une charte graphique et un logo qui reflètent son histoire et son patrimoine. Un site web dédié www.agadir-oufella.ma ainsi qu’une application mobile, ont été développés pour fournir des informations sur la Kasbah et permettre la réservation en ligne pour la visite de la Kasbah, incluant l’accès aux audioguides virtuels.
Ouverture de la partie Intra-muros

La Kasbah d’Agadir Oufella a été officiellement ouverte au public pour les visites dans la partie intra-muros, le 03 février 2024. Le site aujourd’hui propose en complément de la visite libre, une gamme de services conçus pour enrichir l’expérience des visiteurs. Ceux-ci incluent des visites guidées par des médiateurs culturels, qui offrent un aperçu approfondi de l’histoire et de l’importance du site. De plus, des audioguides sont disponibles en cinq langues (arabe, tachelhit, français, anglais et espagnol), permettant une exploration autonome tout en profitant d’informations détaillées. Ces services sont accessibles à l’achat directement auprès de la billetterie sur place, offrant ainsi une flexibilité aux visiteurs dans le choix de leur mode de visite.